Artiste dans la Ville 2016

Alkantara
CCB
Companhia Nacional de Bailado
Culturgest
Festas de Lisboa
Fundação Calouste Gulbenkian
Maria Matos Teatro Municipal
São Luiz Teatro Municipal
Teatro Nacional D. Maria II
Temps d’Images Lisboa

Après Anne Teresa de Keersmaeker (2012) et Tim Etchells (2014), Lisbonne accueille, en 2016, l’artiste congolais Faustin Linyekula dans le cadre de la biennale «Artista na Cidade». Ce projet, inégalé dans le panorama portugais et international, réunit plusieurs structures et entités culturelles qui, ensemble, font découvrir au public des propositions très variées d’un unique artiste étranger. Le projet «Artista na Cidade» vise non seulement à faire connaître des œuvres déjà existantes mais surtout à dynamiser des collaborations entre des artistes, des organisations lisboètes et l’artiste invité. Ainsi, le danseur, chorégraphe et metteur en scène, Faustin Linyekula présentera des spectacles dans plusieurs salles et dans plusieurs espaces de la ville et créera de nouveaux projets avec des artistes, des étudiants et des habitants de Lisbonne.

En choisissant Faustin Linyekula, la biennale «Artista na Cidade» invite un artiste qui met diverses formes d’art – la danse, le théâtre, la musique, la littérature – au service d’une œuvre résolument politique. Enfant d’un pays de contrastes et de contradictions, Faustin Linyekula n’est jamais las de parler de ce dernier – la République démocratique du Congo, l’ex-Zaïre, l’ex-Congo belge, l’ex-État indépendant du Congo. Dans ses œuvres, il dépeint une histoire de colonialisme et post-colonialisme (s’il y en a), pleure la dévastation causée par des guerres incessantes, démasque le règne de la kleptocratie, dénonce la misère et la faim… Tel un messager infatigable, il déclare la défaite de l’État et clame bien fort que le no future, et bien ça suffit ; ce dont le pays a besoin, c’est de more, more, more … future. Mais Faustin ne serait pas Faustin s’il ne chantait aussi la beauté du pays qui l’a vu naître, la générosité et l’allégresse de ses habitants, leur capacité de résilience et leur espoir qui jamais ne semble pouvoir s’éteindre. Une poésie profondément humaine et conciliatrice parcourt l’ensemble de son œuvre, qui se lit comme une tentative de créer du souvenir dans un pays où tout pourtant se délite, dans une société qui survit sur les ruines d’un passé violent et sanguinaire. Dans la poétique de Faustin, les histoires personnelles et la description de la vie des quartiers populaires de la ville tranchent brutalement avec la réalité politique du pays. Inévitablement, Faustin se définit non seulement comme un auteur pourvu d’une conscience politique mais aussi un citoyen ayant un rôle à intervenir dans la société. C’est cet activisme qui sous-tend le projet ambitieux des Studios Kabalo, créés en 2001 à Kinshasa et transferés en 2006 à Kisangani, la ville oú il s’est a grandi.

Les Studios Kabako organisent des ateliers, mettent à disposition un studio d’enregistrement, reçoivent des artistes en résidence, organisent des spectacles et des concerts dans les quartiers populaires de Kisangani et produisent les œuvres de Faustin, mais pas seulement les siennes: également celles de nombreux artistes congolais. Plus qu’un projet artistique, les Studios Kabako forment une communauté qui vit la citoyenneté intensément, dans une société où pour cette citoyenneté, précisément, il faut continuellement lutter.